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Le colloque portera sur La politique de lutte contre les drogues, plus précisément la politique de réduction des risques liés à la consommation de drogue. La loi du 26 janvier 2016 relative à notre système de santé a autorisé, à titre expérimental, l’ouverture de salles de consommation de drogues illicites à moindre risque (trivialement nommées « salles de shoot ») dans des villes désignées par arrêté ministériel. Inédit en France et très controversé, le dispositif, prévu pour une durée maximale de six ans, donnera lieu à une double évaluation scientifique afin notamment d’en déterminer la pérennisation. C’est dans ce cadre nouveau que deux espaces de ce type ont d’ores et déjà été ouverts successivement à Paris et Strasbourg à l’automne. La France rejoint ainsi un mouvement international qui s’affirme progressivement, notamment dans plusieurs de nos voisins européens et au Canada. Les espaces considérés doivent accueillir des « usagers de drogue » présentant deux caractères : d’une part, la pratique de l’injection (plutôt notamment que l’inhalation), d’autre part, une particulière vulnérabilité. Ces critères techniques formulés par la norme juridique tiennent à la fonction du dispositif : il est destiné à assister une population dont la grande marginalité la tient à l’écart des actions sanitaires et sociales déjà en place. Concrètement, dans ces espaces, l’injection pratiquée par l’usager de drogue sera supervisée par un agent de la structure en même temps que les conditions matérielles d’hygiène, des lieux et du matériel, seront garanties. Le but est simple : réduire les risques qui s’attachent aux pratiques de ces usagers lorsqu’elles se déroulent dans l’espace public ou semi-public – rue, cour d’immeuble… L’accompagnement proposé poursuit des finalités de deux ordres : d’une part, réduire les risques en termes de santé publique, d’autre part, réduire les risques en termes d’ordre public. Ces deux ordres de finalités se déploient l’un et l’autre sur deux niveaux : ils visent la personne de l’usager de drogue mais également la collectivité entière (par exemple, la lutte contre les risques infectieux en protège la population générale en en protégeant chaque usager en particulier). Ainsi conçues, les salles de consommation à moindre risque participent de l’approfondissement d’une politique déjà bien engagée dans le champ de la lutte contre les drogues et les addictions : la réduction des risques. Comme cela vient d’être relevé à propos des salles de consommation à moindre risque, cette politique se veut pragmatique : il s’agit d’accompagner des pratiques constatées pour en diminuer les incidences nuisibles. Ce faisant, cette politique s’articule difficilement avec le modèle premier et encore dominant en la matière : le modèle prohibitionniste. Reposant notamment sur la liaison de la répression pénale et de la médicalisation de la consommation de drogues illicites, le modèle prohibitionniste poursuit un objectif autrement radical : l’éradication des drogues, notamment par le sevrage ou l’abstinence des usagers effectifs ou potentiels.

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